26 janvier 2017 – [datedermaj]

no fly zone dji en actionUne des difficultés actuelles pour le profane, sans culture aéronautique est de situer toutes les zones interdites de survol en drone. Avec les fêtes de Noël, de nombreux drones ont fini sous les sapins et la liberté de voler doit être conciliée avec la sécurité. Suite à des incidents mettant en cause des drones, pas toujours fondés et relayés par la presse, sous la pression des pouvoirs publics qui se sont emparés du phénomène et qui ont légiféré, certains grands fabricants de drones RTF, comme DJI ou Yuneec…, ont mis au point des systèmes de “No Fly Zones” (NFZ). Certains utilisateurs de loisir ou professionnels s’en plaignent. Qu’en penser ? Nous vous proposons une analyse à la suite.

géolimitation et “No Fly Zones” (NFZ)

Geofencing en anglais peut se traduire par géorepérage en français. Il s’agit de la fonction d’un logiciel de géolocalisation implémentée qui permet de surveiller à distance la position et le déplacement d’un objet, voir de prendre des mesures si la position ou le déplacement s’écarte de certaines valeurs fixées d’avance. Dans le cas d’un drone, des limitations géographiques (géolimitations) automatiques l’empêche de décoller par exemple à proximité d’aéroports ou de survoler certains espaces ou zones. Ce sont les fameuses “No Fly Zones” (zones interdites de vol) que des fabricants de drones comme DJI ou Yuneec mettent en place dans le contrôleur de vol des drones qu’ils commercialisent. Les “No Fly Zones” (NFZ) sont sensées limiter les risques de survols illégaux et améliorer la sécurité aérienne. Par conséquent, amateur, vous pourrez découvrir, après l’achat de votre drone ou d’un cadeau offert pour votre anniversaire ou Noël que vous ne pouvez pas voler en drone à proximité de chez vous, à cause des NFZ. C’est par exemple le cas dans le grand Paris. Comme professionnel, il est possible de s’affranchir de ces limitations, mais avec quelques difficultés à la clef, comme nous le verrons plus loin..

NFZ Yuneec
nfz Yuneec
La présentation en ligne d’une carte interactive des NFZ par Yuneec n’est plus proposée aujourd’hui. La carte de Yuneec présentait les NFZ, sans détails sur la nature des zones. En ce début 2019, Yuneec Europe renvoie vers OpenAIP: https://www.openaip.net/MAP sans qu’on sache à quoi correspondent leurs NFZ.
NFZ DJI GEO
nfz DJI
Présentation en ligne, proposant une
carte interactive des NFZ GEO par DJI. La carte présente les NFZ DJI GEO, en précisant la nature des zones, par un système de couleurs légendées: aéroport, zone spéciale, zone dangereuse, autorisation requise, densité de population.
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Vidéo en anglais expliquant le principe des NFZ GEO implémentées par DJI.

Sécurité passive, sécurité active et risque perçu ?

Un dispositif comme les NFZ fait partie de ce que l’on appelle la sécurité passive par opposition à la sécurité dite active qui peut se résumer aux comportements et stratégies mis en place par le pratiquant face à un risque. Selon, Didier Delignières (Laboratoire de Psychologie du Sport INSEP), diverses expériences ont pu montrer qu’une intervention visant à augmenter la sécurité dite “passive”, par l’amélioration des matériaux, dispositifs de sécurité, que l’on peut qualifier d’intervention non-motivationnelle (décidée par le fabricant et non par l’utilisateur) tend à diminuer le niveau de risque perçu par l’usager. En conséquence, les sujets ont tendance à adopter des comportements plus risqués, ce qui entraîne à long terme une hausse des accidents, voir de la morbidité. Ce phénomène, appelé compensation, ou conservation du risque a particulièrement été étudié dans le cadre de la sécurité routière (Wilde, 1988). L’auteur cite par exemple un travail d’Aschenbrenner et coll. (1986), qui se sont intéressés à l’influence de l’équipement des taxis munichois par le système de freinage anti-blocage ABS. L’analyse des statistiques d’accidents des véhicules équipé d’ABS et des véhicules non équipés, durant les 36 mois de l’expérience, montre que les premiers n’ont pas moins d’accidents que les seconds, et tendent même à en avoir légèrement plus. On remarque par ailleurs des différences significatives, notamment au niveau de la vitesse moyenne des véhicules, plus élevée chez les conducteurs équipés d’ABS. Ce problème a été souvent évoqué dans des activités de loisirs à risques comme l’alpinisme ou la plongée subaquatique, où l’introduction de certains accessoires: crampons à 12 pointes, descendeurs métalliques, piolets-traction, etc…ou ordinateurs de plongée, réputés comme devant améliorer la sécurité, induisaient en fait l’adoption de comportements dangereux, occultaient l’apprentissage et le recours aux plus élémentaires règles de sécurité, et débouchait sur un accroissement spécifique du nombre d’accidents. La “pierre angulaire” de la sécurité est donc les actions de prévention et d’éducation face aux risques.

Les “No Fly Zones” (NFZ), une sécurité passive qui ne responsabilise pas

Selon le principe de la compensation, ou conservation du risque énoncé plus haut et notamment la théorie homéostatique du risque (Wilde, 1988), approche cognitiviste de la prise de risque, dans notre domaine des drones, face au risque de collision avec un autre aéronef ou de survol illégal, l’utilisateur pourrait être tenté, à tort, de penser que les “No Fly Zones” (NFZ) mises en place par le fabricant le protège contre la survenue d’un survol illégal, de collisions et d’accidents. Par conséquent, il pourrait même adopter des comportements plus risqués, en s’exonérant par exemple de s’intéresser aux espaces aériens, aux zones interdites, aux autres aéronefs qui circulent et avoir une vigilance moins active sur le terrain. Au contraire, l’axe prioritaire d’une politique en faveur de la sécurité, quel que soit le domaine de risques considérés devrait plutôt s’appuyer sur la sécurité active, c’est-à-dire de développer une formation pratique adaptée et une exploitation des retours d’expériences (RETEX ou REX), plutôt que de miser sur la sécurité dite passive qui constitue un leurre comme nous venons de le voir plus haut.

Les limites des “No Fly Zones” (NFZ) en terme de fiabilité ?

Chaque système de NFZ est spécifique à chaque fabricant, avec des données qui parfois ne se recoupent pas et qui dépendent du micrologiciel interne (firmware) installé au niveau du drone.

Aucune mise en garde liée aux NFZ n’est précisée sur la page “Voler en toute sécurité” présentant les NFZ sur le site de Yuneec.

Extrait d'une mise en garde sur les NFZ DJI GEO sur le site de DJI
“…Le système DJI GEO est purement indicatif. La responsabilité de vérifier les sources officielles, les lois et les régulations en vigueur incombe à l’utilisateur. Dans certaines situations, DJI a sélectionné des paramètres généraux globalement recommandés (tel que la distance de 1,5 miles à proximité des aéroports) sans garantir que cette distance soit celle qui s’applique dans votre cas….Parfois les zones ne recoupent pas les paramètres géospatiaux officiels par excès de prudence ou pour des raisons techniques…”

Un exemple, sur le forum d’entraide DJI: un utilisateur qui habite en Virginie du Nord près de Washington DC, aux USA, rapporte (NFZ inconsistency. Help…”) le fait de ne pas pouvoir faire décoller son nouveau drone Mavic Pro à cause des NFZ DJI GEO, alors que c’est possible avec son Phantom 4, dans la même zone. En fait, son Phantom 4 est équipé d’une version de micrologiciel plus ancienne qui ne tient pas compte des nouvelles mesures prises par DJI sur les micrologiciels de ses modèles plus récents comme le Mavic Pro. Le diamètre de la NFZ DJI GEO a changé entre les deux générations de micrologiciels internes, ce qui expliquerait cette différence de traitement.

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Vidéo en anglais précisant les nouvelles dispositions prises par DJI concernant les NFZ DJI GEO.

De plus, les NFZ sont difficiles à mettre à jour rapidement, aux niveaux local, régional, mondial, par les fabricants. Pour en juger, comparez par exemple les deux cartes des NFZ plus haut et la carte de restriction de survols en France pour les drones de loisir située en dessous, en fonction de vos zones habituelles de survols.

Carte interactive de restriction des survols en France pour les drones de loisir de Geoportail.gouv.fr
Cette carte interactive sur laquelle vous pouvez naviguez plus bas (Utilisez votre souris et les + et -) a été conçu pour faciliter l’identification des zones autorisées ou non au survol.[warning]ATTENTION:
Cette carte interactive disponible en ligne sur Geoportail.gouv.fr (IGN) regroupe, de manière simplifiée et facilement compréhensible, les zones du territoire métropolitain français où les vols de drones sont soumis à des interdictions ou des restrictions de façon “permanente”. Dédiée au grand public, elle constitue donc une simplification pour ceux qui n’ont pas acquis de “culture aéronautique”. L’attention des utilisateurs est notamment attirée sur les hélistations privées (zone de pose hélico privées) qui ne figurent pas dans sa la version actuelle, et le contour des agglomérations qui est fourni qu’à titre indicatif. La couverture des régions d’Outre-mer (DOM-COM) devrait être proposée par la suite. L’intégration des zones restreintes créées de manière temporaire est également à l’étude », indique la DGAC.
Dans l’attente, pour consulter toutes les zones créées de manière temporaire, il convient encore de consulter le site Internet du Service de l’Information Aéronautique.[/warning]

légende carte restrictions vol drones loisir

Au passage, les opérateurs de drones professionnels sont invités à signaler les éventuelles erreurs.

Comme nous avons pu le lire plus haut dans les messages de mise en garde, certaines informations aéronautiques sont aussi primordiales pour préparer son survol en drone et les “No Fly Zones” (NFZ) sont très loin d’être suffisantes.

Pour mémoire, le SIA (Service de l’Information Aéronautique) est la référence officielle en information aéronautique pour la France. Certaines informations sont primordiales pour préparer son survol en drone, en plus des prévisions météo, de la météo solaire (indice Kp), voir des marées. Nous pouvons citer:

  • Les Sup AIP:
    Ils contiennent diverses informations généralement fournies en avance d’une évolution prévue ou liées à une situation particulière (par exemple, déroulement d’exercices aériens militaires ou du Grand Prix F1 de Monaco, Tour de France, Vendée Globe). La date effective de début ou de fin de la validité du contenu d’un Sup AIP peut être signalée au moyen d’un NOTAM.
  • Les Notams:
    Ils contiennent les informations “court terme” à consulter juste avant le vol, le préavis de début et de fin de validité du contenu pouvant être de quelques heures seulement.
Consultez ou téléchargez les Sup AIP et les Notams ?
Les Sup AIP et les Notams sont consultables et téléchargeables gratuitement sur le site web du SIA: www.SIA.aviation-civile.gouv.fr. Les notams sont consultables gratuitement en ligne sur: www.mach7drone.com.

Détournement des “No Fly Zones” (NFZ) de DJI

Aujourd’hui, face aux contraintes que représentent les NFZ, certaines entreprises proposent de les contourner. Nous pouvons citer par exemple CopterSafe. Il s’agit de pirates installés en Russie qui proposent à travers leur site web, une offre de “packs” de “mods” ou “jailbreaks” de 200 à 500 $ US (169 à 422 €), selon le modèle DJI (du Mavic Pro, Phantom 4 à l’Inspire 2, en passant par les Matrice 200/600) pour désactiver les restrictions liées aux NFZ. Et plus grave de lever les limitations de hauteur de vol, mais aussi de vitesse en “mode sport” ou ATTI, avec un risque de surchauffe important des batteries LiPo dans ce dernier cas. Il semble que le contournement soit réalisé par le biais à la fois des composants matériels et logiciels qui sont plug-and-play, la modification physique pour tromper le micrologiciel qui gère le GPS du drone.

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Ce phénomène de “jailbreaking” est l’étape assez logique de ce que certains consommateurs considèrent comme une violation des droits de propriété et des NFZ de DJI, de plus en plus restrictives.

DJI, leader mondial des ventes de drones est pris en quelle que sorte, entre le marteau et l’enclume. C’est-à-dire les autorités qui veulent, de plus en plus,  limiter les risques et survols illégaux et ses clients, propriétaires de drones, de plus en plus nombreux, qui veulent profiter de leurs achats, en toute liberté. Au passage, le plus souvent, les amateurs ne sont pas informés des possibilités de voler près de chez eux, avant l’achat d’un drone.

Il est précisé dans les FAQ du site de CopterSafe: “VOLER SELON LES LOIS LOCALES. Les modifications (mods) suppriment la limitation de votre drone, mais le vol réel est réalisé sous votre propre responsabilité et risque. Si vous volez en drone dans une NFZ, assurez-vous que vous disposez de toutes les autorisations requises. Toutes les préparations de sécurité sont nécessaires. N’oubliez pas que la sécurité est la plus importante….”.

NFZ dji

Interface DJI sur tablette numérique et message d’avertissement: “Vous êtes dans une NFZ

Sinon, autre exemple plus près de chez nous,  la société française Flying Eye (Azur drones), connue notamment comme constructeur de drones et produits de sécurité sur mesure, la formation de télépilotes professionnels, proposait l’installation d’un micro module permettant de désactiver les NFZ . Il était activé uniquement après que le télépilote appuyait sur un bouton. Son coût était de 900 € HT. Ce dispositif était compatible pour les drones DJI Inspire 2, Phantom 4 Pro et même Mavic Pro. De plus, les limites de hauteur et de distance par rapport au point de décollage étaient conservées. De même, le “fail safe” et “retour home” restaient fonctionnels. Par contre, il semble que cette société ne commercialise plus ce dispositif depuis. En effet, le lien de présentation en ligne sur le site n’est plus fonctionnel. Nous avions écrit initialement ces lignes lors d’une mise-à-jour de cet article du 10 septembre 2017.

Pour finir, d’après l’article en anglais: “drone maker DJI offers up to $145,000 bounty for information on Chinese illegal flights” publié sur le  site www.suasnews.com, Kevin Finisterre (drone biz Department 13) aurait tout simplement trouvé le mot de passe, pour accéder à la base de données des NFZ de DJI, sur GitHub, qui est un service web d’hébergement et de gestion de développement de logiciels.  

Tout cela démontre la vulnérabilité ou la possibilité de modification de l’informatique embarquée même à bord des drones et plus particulièrement concernant le contrôleur de volCette première étape pourrait devenir un jeu sans fin, du chat et de la souris, entre DJI et pirates.

Il est rapporté dans un article en anglais sur Vice.com que Christian Struwe, responsable de la politique publique européenne (head of European public policy) chez DJI aurait précisé dans un courriel reçu: “DJI déconseille vivement toute tentative d’enlever nos systèmes de sécurité, qui sont conseillés et destinés à faciliter la conformité et le déroulement des survols en sécurité pour une personne responsable. Désactiver de telles fonctionnalités peut en désactiver par inadvertance d’autres et provoquer un comportement imprévisible du drone”.

Victor Wang, directeur de la sécurité technologique (Technology security director) chez DJI aurait déclaré aussi que “La modification non autorisée d’un drone DJI n’est pas recommandée, car elle peut provoquer une instabilité de comportement en vol qui pourrait faire que le drone devienne dangereux…. DJI n’est pas responsable de la performance d’une modification de drone et nous condamnons fermement tout utilisateur qui tente de modifier son drone à des fins illégales ou de l’utilisation non sécuritaire.”

Vidéo d'une conférence sur les failles des drones grand public et leur prolifération dans les zones de guerres
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Vidéo en anglais sur la conférence de Kevin Finisterre, expert en sécurité informatique étasunien, lors du Counter UAS | sUSB Expo 2017.

Cette présentation couvre les aspects des normes dans l’industrie des drones, les limites des drones et la sécurité. Kevin Finisterre parle de la prolifération des drones civils dans les zones de guerres et de la façon dont les produits DJI et le géofencing s’inscrivent dans ce contexte.

Programme “Bug Bounty”, récompenses de DJI et l’expérience de Kevin Finisterre !

dollar USD’après l’article en anglais: “drone maker DJI offers up to $145,000 bounty for information on Chinese illegal flights” publié sur le site www.suasnews.comDJI offrait jusqu’à 145 000 $ (117 000 €) de récompenses, jusqu’au 31 décembre 2017, pour obtenir des informations sur la série de survols illégaux de drones en Chine qui s’étaient notamment déroulés les 14, 17, 18, 21 avril 2017, à l’aéroport international Chengdu Shuangliu,  principal aéroport de la province du Sichuan, malgré ses NFZ. Le trafic aérien aurait été interrompu à maintes reprises face à ces menaces, occasionnant le blocage de 10 000 passagers à l’aéroport. DJI qui doutait initialement que ses drones puissent avoir été utilisé lors de ces incidents, devant les faits établis, a ensuite émis l’hypothèse qu’une application tierce a rendu inopérantes ses NFZ. Nul n’est prophète en son pays, même pas le leader mondial de la vente de drones. Cette situation va-t-elle entraîner la fin de la prise en charge d’applications tierces par les produits DJI ? L’avenir nous le dira.

Suite à ces incidents liés à la sécurité des ses produits, la marque proposait même dans son communiqué de presse en anglais du 28 août 2017: “DJI To Offer ‘Bug Bounty’ Rewards For Reporting Software Issues“, un programme de récompenses financières de 100 à 30 000 $ US pour inciter plus spécialement les experts en sécurité informatique à rapporter les bugs ou failles de sécurité de ses logiciels.

Pour finir, un article en anglais raconte la mésaventure de l’expert en informatique Kevin Finisterre dans le cadre du programme “Bug bounty” de DJI: “drone-Maker DJI Offers Bug Bounty Program, Then Threatens Bug-Finder With The CFAA” publié le 20 novembre 2017, sur le site d’informations étasunien sur les nouvelles technologies “Tech Dirt (Saleté de technologie)“:

Les traduction et adaptation de l’extrait de l’article, vers le français ont été réalisé par mes soins. Mes commentaires sont en italique et (entre parenthèses).

“DJI, la société chinoise qui fabrique la marque populaire de drones quadcopter Phantom, a été informée en septembre 2017 que les développeurs avaient laissé les clés privées du certificat “wildcard” (Un certificat Wildcard vous permet de sécuriser l’ensemble de vos sous-domaines avec un unique certificat SSL) pour tous les domaines web de l’entreprise et les clés des comptes de stockage en nuage (cloud) sur Amazon Web. Ses services étaient donc exposés publiquement dans le code publié en ligne sur la plateforme de développeurs GitHub ! À l’aide de ces données, l’expert en informatique Kevin Finisterre a pu accéder aux données du journal de bord et aux images téléchargées par les clients qui utilisent les drones DJI, y compris des photos des cartes d’identité gouvernementales, des permis de conduire et des passeports (J’imagine que ce sont les documents envoyés par les télépilotes professionnels dont français, pour faire débloquer les NFZ de leurs drones par DJI). Certaines données comprenaient des journaux de vol provenant de comptes associés à des domaines gouvernementaux et militaires (Le télépilote militaire  avec un drone DJI qui devient agent double malgré lui ! ).

Finisterre a trouvé la faille de sécurité après avoir commencé à sonder les systèmes de DJI sous le programme “Bug bounty” de DJI, qui a été annoncé en août 2017 et qui avait pour but de récompenser les spécialistes en sécurité qui trouveraient des failles de sécurité sur les produits DJI. Mais alors que Finisterre travaillait à documenter la faille de sécurité avec la compagnie, il aurait eu de plus en plus de réticences de leur part, y compris une menace d’accusation en vertu de la Loi sur la fraude et l’abus informatique étasunien (Computer Fraud and Abuse Act ou CFAA). DJI a refusé d’offrir une protection contre une action en justice dans le cadre de «l’offre finale».

Alors Finisterre a abandonné le programme et a publiquement publié ses résultats hier, avec un récit intitulé, “Pourquoi j’ai laissé tombé les 30 000 $ de prime de DJI.” Au passage, DJI a également mis un terme à son programme de récompenses pour la découverte de failles de sécurité dans ses produits, mais informe que les spécialistes en sécurité informatique peuvent toujours soumettre des rapports sur des failles de sécurité, mais sans prime financière en contre-partie….

Et nous en sommes là. DJI a offert un programme de primes pour découvrir des failles informatiques auquel un expert en informatique a répondu avec un rapport sur certaines vulnérabilités graves, y compris la divulgation d’informations sur les clients de DJI. Au lieu d’être reconnaissant pour cette information et de la corriger, DJI a plutôt décidé d’employer la méthode forte et les menaces, ce qui a permis au public de savoir maintenant à quel point la sécurité informatique de ses produits est mauvaise.

Vidéo: Un homme trouve des données exposées sur les clients DJI, reçoit des menaces et rejette la prime de 30 000 $ US.
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Vidéo en anglais: “Man Finds DJI Customer Data Exposed, Gets Threat and Rejects $30K Bounty”.

Le chercheur en sécurité informatique Kevin Finisterre a récemment découvert une faille informatique qui exposait publiquement les données privées des clients de l’entreprise de drones chinoise DJI. Après avoir signalé la faille informatique dans le cadre du programme “Bug Bounty” de DJI, Finisterre a reçu des menaces de cette dernière. Donc, au lieu de recueillir sa prime de 30 000 $ US, Finisterre rend maintenant public ses découvertes.

Les cas des désimlockage et des DRM, en termes d’analyse prospective

Il est toujours intéressant d’étudier des cas similaires, dans notre cas de limitation technologique, dans d’autres secteurs d’activités pour lesquels l’on peut avoir un certain recul en termes de retour d’expérience, dans l’idée d’une analyse prospective.

Lors de l’achat d’un téléphone mobile subventionné, l’opérateur de téléphonie bloque le plus souvent l’appareil (simlockage), pour garder captif  le consommateur qui a  souscrit avec son contrat, un engagement de durée minimum (12 ou 24 mois le plus souvent). L’objectif est qu’il n’utilise pas les services d’un concurrent. Certaines entreprises se sont spécialisées dans le déblocage (désimlockage) des cartes SIM des téléphones pour contourner cette limitation. Ce dernier est légal quand l’utilisateur n’est plus lié contractuellement à des engagements. Cette activité commerciale à la limite de la légalité repose sur cette ambiguïté et parfois la mauvaise volonté de certains opérateurs de téléphonie à fournir, dans des délais raisonnables, malgré la réglementation, les codes pour que leurs clients débloquent eux-même leur téléphone mobile, en fin d’engagement, pour aller chez la concurrence.

Nous pourrions aussi évoquer la gestion de droits numériques (appelée par certains “menottes numériques”) ou “Digital Rights Management” (DRM) en anglais qui ont pour objectif de contrôler l’utilisation qui est faite des œuvres numériques comme par exemple des livres numériques, fichiers audio, jeux vidéos, logiciels, chaînes payantes….

Comme les DRM ne sont pas fiables techniquement et sont régulièrement contournés, les industriels de la production de contenus ont imposé l’interdiction de contournement par la loi française DADVSI, votée en 2006, pénalisant aussi certains usages pourtant légitimes.

Dans la pratique, ces systèmes empêchent certains usages légitimes sur les contenus numériques, comme d’en faire une copie privée autorisée par la loi (pour passer d’un support à un autre par exemple) ou de passer le fichier à un proche comme on le fait avec un DVD, ou de lire un DVD acheté dans le commerce sur un ordinateur équipé d’un système GNU/Linux.

Suite à l’action de l’association April devant le Conseil d’État français, celui-ci a rendu une décision qui limite certains effets néfastes de la loi DADVSI. En réaffirmant l’exception de décompilation, le Conseil d’État a rétabli l’exception de contournement des Mesures Techniques de Protection à des fins d’interopérabilité. De plus, il a consacré le droit de créer et d’utiliser un logiciel libre pour lire des contenus protégés par DRM.

Les “No Fly Zones” (NFZ) DJI GEO et les mises à jour des micrologiciels

Nous avons rapporté plus haut que selon les micrologiciels (firwares) implémentés dans les drones DJI, les NFZ appliquées et le volume d’évolution autorisé pouvaient être différents. En effet, le diamètre de la NFZ DJI GEO a changé entre les deux générations de micrologiciels internes, ce qui expliquerait cette possible différence de traitement.

Mais depuis la rédaction initiale de cet article qui date de janvier 2017, la marque a pris de nouvelles mesures relatives aux mises à jour des micrologiciels ou firwares et à l’identification des utilisateurs, exposé dans son communiqué de presse en anglais du 20 mai 2017: “DJI Updates Process For Activating Software And Firmware Updates“. Le but semble être d’identifier l’utilisateur lié à un drone et de vérifier s’il est équipé des dernières NFZ en vigueur. En cas de non mise à jour, la marque DJI coupe à distance le retour vidéo du drone et réduit l’enveloppe des NFZ à 50 mètres de rayon et 30 mètres de hauteur. Ces limitations permettent de voler mais en bridant les évolutions du drone. Tous les drones de la marque DJI sont concernés sauf le haut gamme professionnel équipé de contrôleurs de vol A3 et N3 et les précédents modèles équipés de contrôleurs de vol Naza. Autre exemple récent, avec la mise à jour du nouveau drone DJI Spark qui va beaucoup plus loin dans les limitations. Dans son communiqué de presse en anglais du 21 août 2017: “DJI Spark Firmware Update Enhances Flight Safety“, DJI précise: “…Si le firmware de l’appareil ou de la batterie n’est pas à jour à partir du  1 septembre 2017, le Spark ne pourra pas décoller…”  Il semble que DJI ait décidé de rendre cette mise à jour obligatoire afin de renforcer la fiabilité du produit et la sécurité. 

Les “No Fly Zones” (NFZ), parfois un parcours semé d’embuches pour le professionnel

Pour finir, selon les fabricants, si vous êtes professionnel, vous devrez suivre parfois un véritable parcours du combattant afin de faire déverrouiller les NFZ implémentées en usine au niveau de votre drone. En effet, le télépilote professionnel dispose d’un système dérogatoire qui lui permet de voler par exemple à proximité d’aéroport, en cas de besoin, à condition de passer un protocole d’accord avec son exploitant. Avec des NFZ, impossible de décoller, donc de travailler à proximité d’un aéroport s’il est pris en compte. La présentation de l’accusé de réception de votre déclaration d’exploitant comme professionnel auprès de l’autorité régulatrice (En France, les DSAC, directions décentralisées et régionales de la DGAC) constitue le “sésame” demandé par le fabricant pour pouvoir bénéficier d’un déverrouillage des NFZ.

Déverrouiller les “No Fly Zones” (NFZ) DJI GEO ?

carte nfz dji

Pour DJI, la procédure peut être réalisée à distance, par Internet avec un compte utilisateur DJI authentifié, après production d’un justificatif comme professionnel (Lire plus haut). Par contre, la page de présentation de la procédure n’est pas simple à trouver sur le site: www.dji.com/fr/flysafe/geo-system.
Déverrouiller une zone d’autorisation (en jaune sur la carte DJI GO) nécessite un compte utilisateur DJI, une carte de crédit ou de débit valide, ou un numéro de téléphone. DJI ne collecte ni n’enregistre de données, qui sont vérifiés par un service tiers partenaire. La vérification est gratuite. Un compte vérifié est nécessaire uniquement lorsque vous devez déverrouiller une zone d’autorisation.
Lorsque votre drone approche ou entre dans une zone d’autorisation (en jaune sur la carte DJI GO), vous recevrez un avertissement vous permettant de déverrouiller la zone.

Page de déverrouillage des NFZ DJI GEO, une fois connecté à votre compte utilisateur DJI:
www.dji.com/fr/flysafe

procedure nfz dji
Par contre, déverrouiller une zone d’autorisation sans connexion internet avec le planificateur de vol est réalisé, en débloquant un vol par anticipation, sous votre propre responsabilité. Le planificateur de vol permet de déverrouiller une zone pour une période de 72 heures. Un maximum de 30 vols peuvent alors être programmés à la fois.
Pour les zone interdites (en rouge sur la carte DJI GO), les utilisateurs verront s’afficher un avertissement concernant leur vol qui sera interdit. Exemple de zone interdite: Paris ou Washington D.C. Si comme professionnel, vous êtes autorisés à survoler une zone interdite, dans ce cas, il faut contacter: flysafe@dji.com au préalable, en plus.

De plus en plus de professionnels se plaignent de bugs relatifs aux déblocages des NFZ, plus spécialement à la suite de mises à jour des micrologiciels (firmwares). Par exemple, certains n’ont pas pu réaliser des missions demandant le plus souvent des déclarations (Scénario S3 par exemple) car leur drone n’a jamais voulu décoller, malgré les procédures prévues et suivies. Cela fait quel que peu désordre quand cette situation incontrolable arrive devant le client, donneur d’ordre. Et sans oublier, les pertes financières et de temps qui sont consécutives. D’autres n’ont pas pu décoller de zones pourtant normalement sans restriction.

Déverrouiller les “No Fly Zones” (NFZ) chez Yuneec ?

A ce jour, pour Yuneec, aucune procédure n’est précisée sur leur site. Dans les faits, vous devez envoyer un justificatif comme professionnel (Lire plus haut) et signer un engagement contractuel à renvoyer. Par le passé, votre drone devait être expédié chez le distributeur européen, pour qu’un technicien agréé enlève ces limites d’emploi. Même chose, en cas de revente de votre drone à un tiers, pour remettre en place les NFZ ! Ce type de contraintes pouvait parfois immobiliser votre drone de nombreuses semaines, selon la période et la réactivité du service après-vente. Le centre SAV de Yuneec Europe est situé en Allemagne.

Depuis 2017, il était possible, comme opérateur de drone professionnel, de demander à votre revendeur habituel une clef de déverrouillage des NFZ livrée gratuitement sur une carte MicroSD, par Yuneec Europe (Allemagne), son fournisseur pour les pays européens hors Royaume-Uni, après avoir envoyé un justificatif prouvant votre statut (Lire plus haut) et après avoir signé un engagement contractuel à renvoyer. L’opération était ensuite réalisée par l’utilisateur lui-même, via l’interface GUI et le menu “Tools” (outils). Cela vous évitait un retour du drone en Allemagne ou en France et un délai supplémentaire d’attente. Mais, depuis l’été 2018, Yuneec Europe semble avoir fait machine arrière. En effet, la nouvelle procédure est de renvoyer le drone au SAV en Allemagne chez Yuneec Europe. Et le nouveau coût est de 249 € (Info datée de février 2019).

Par contre, contrairement au système de déverrouillage partiel et à la demande de DJI, les NFZ chez Yuneec sont totalement supprimées ! Aucune procédure ou demande n’est à effectuer ensuite. La politique de Yuneec repose sur la simplicité en termes de gestion des NFZ et la responsabilisation des professionnels qui ont un minimum de culture aéronautique, de par leur cursus de formation.

Nous vous proposerons dans un prochain article, une sélection d’outils pour préparer vos survols en drone, pour une pratique de loisir et professionnelle.
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Sources et pour aller plus loin:

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Nos prestations, drones, tarifs et devis
Notre page Drones et réglementation aérienne en France
Les règles relatives aux drones en Europe par le consortium droneRules (proche de la Commission Européenne)
Notre précédent article: Risque de collisions des drones avec des avions ?
Notre précédent article: Nouvelle loi drones adoptée en France
Forum d'aide DJI
Risque préférentiel, risque perçu et prise de risque
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Apprentissage moteur et difficulté de la tâche
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La sécurité dans les sports et les loisirs
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Psychosociologie de la sécurité et des risques d'accidents chez les conducteurs de voiture
Giscard, P. (1966). Psychosociologie de la sécurité et des risques d’accidents chez les conducteurs de voiture. Le Travail Humain, 29, 3-4, 243-308.
The relationship between objective risk, subjective risk, and behaviour
Howarth, C.I. (1988). The relationship between objective risk, subjective risk, and behaviour. Ergonomics, 31, 4, 527-535.
L'éducation à la sécurité en et par l'EPS
Lamouroux, N. & coll. (1990). L’éducation à la sécurité en et par l’EPS. Bordeaux: CRDP.
Prise de risque pour soi et pour autrui par des individus et par des groupes
Zaleska, M. (1969). Prise de risque pour soi et pour autrui par des individus et par des groupes. Psychologie Française, 14, 2, 97-112.
Estimation de la probabilité et de la gravité des accidents. Comparaison entre les groupes à haute et basse fréquence d'accidents.
Robaye, F., Hubert, J. & Decroly, L. (1963). Estimation de la probabilité et de la gravité des accidents. Comparaison entre les groupes à haute et basse fréquence d’accidents. Bulletin du C.E.R.P., XII, 4, 341-357.
Le comportement de prise de risque dans les situations physiquement dangereuses
Delignières, D. (1990). La difficulté en escalade. Exigences objectives et perception des exigences des tâches motrices. Mémoire pour le diplôme de l’INSEP
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Carte de restriction de survols en France pour les drones de loisir
Site et applications de navigation aérienne pour drones Mach 7
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Répertoire des bases ULMs en France
Site de Météo France
Page réglementation drones sur le site du ministère chargé des transports
Site de l'Agence Européenne pour la Sécurité Aérienne